Cette gigantesque colonne vertébrale longue de plus de 6 000 km, réunit depuis 2001 six pays andins, la Colombie, l’Équateur, le Pérou, la Bolivie, le Centre du Chili et le Nord de l’Argentine, autour d’un projet exceptionnel de valorisation. L’UNESCO se prépare par ailleurs, à faire entrer le Qhapaq Ñan dans la liste du patrimoine mondial de l’humanité. Le tracé principal du Qhapaq Ñan joignait les villes de Pasto en Colombie à Santiago du Chili et fut érigé en système viaire centralisé lors de l’essor de l’Empire Inca au 15e siècle, se ramifiant sur l’Empire jusque dans ses confins, et des militaires, marchands et artisans le parcouraient en tout sens.
Les messagers de l’Empire Inca, les « chasquis », symbolisent à merveille le mythe du Qhapaq Ñan. Ces hommes se relayaient en courant et permettaient ainsi à un message de franchir de longues distances au cœur des Andes en seulement quelques jours. Ces messagers n’étaient ni des soldats ni des professionnels, mais des personnes désignées par leur communauté pour assumer cette tâche au service de l’Inca, dans la portion de leur territoire traversée par le Qhapaq Ñan.
De ce tissu géographique exceptionnel restent de nombreux vestiges archéologiques. Le chemin traverse en effet tous les grands sites cérémoniels précolombiens : Chavín, Tiwanaku, Machu Picchu, Vallée Sacrée de l’Urubamba ; les grandes capitales de l’Empire : Tomebamba et Cuzco ; de nombreux vestiges d’édifices militaires ainsi qu’une infinie variété de communautés rurales, d’anciens centres urbains et de nombreuses villes coloniales historiques : Cuenca, Cajamarca, Tarma, Ayacucho, Cuzco.
Imaginez des sections pavées de plus de 20 m de large, des volées d’escaliers en pierre grimpant jusqu’à plus de 4 500 m d’altitude, des plates-formes de plusieurs kilomètres de long, des ponts suspendus accrochés aux flancs des canyons… Je vous invite à imaginer également l’Inca, assis dans un palanquin plaqué d’or et d’argent, décoré de plumes et porté par une cour de plus de 80 hommes, la route devant lui balayée et décorée de pétales de fleurs.
Il permettait à l’Inca de contrôler son Empire et de déplacer ses troupes depuis la capitale, Cuzco. Le long de cette route parfois pavée, un système ingénieusement organisé de « Chasqui Wasi » (poste de relais), Pukaras (forts), Tambos (auberges)… Un réseau secondaire de routes transversales, comparable au réseau de routes romaines et long de plus de 40 000 km, reliait alors le Qhapaq Ñan à la Côte Pacifique et au bassin amazonien.
Sillonner le Qhapaq Ñan, c’est avoir la chance de visiter des sites Incas authentiques…