En effet, de petite taille, je l’emmène toujours sur mon épaule dans les nombreux voyages de reconnaissance que j’effectue tout au long de l’année. L’aire de dispersion traditionnelle du charango englobe le Centre et le Sud du Pérou, la Bolivie, le Nord du Chili et le Nord-Ouest de l’Argentine. Instrument de musique à cordes pincées, de même que la guitare, il est très populaire au sein des cultures Quechuas et Aymaras du Cône Sud latino-américain.
Il y a encore aujourd’hui des éternelles querelles entre le Chili, le Pérou et la Bolivie pour s’approprier l’origine du charango. Le Chili, par exemple, justifie cette revendication que le petit instrument à cordes était de chez eux, en invoquant les territoires Aymaras que possède le Chili au Nord de ses terres. Mais ces territoires de l’Altiplano appartenaient à la Bolivie avant la guerre du Pacifique…
Au 16ème siècle, la colonie espagnole déployait ses ailes sur la ville appelée « La ville impériale de Potosí » situé dans le Haut-Pérou, aujourd’hui en Bolivie. A cette époque-là le « Cerro Rico » (la « Riche Colline ») était le mont plus riche du monde et attirait une foule de personnes cherchant la gloire et la fortune. Ainsi, la Ville Impériale de Potosí devenait un centre cosmopolite très important. C’est à partir de ce centre que le « charango boliviano » commence à être diffusé dans tous les coins du monde.
Avant l’invasion espagnole, la musique indigène était interprétée avec des instruments à vent, parmi lesquels les « sikus » ou « zampoñas » (flûtes de pan) étaient les plus répandus et aussi des instruments de percussion (« bombos y wankaras »). Avec l’arrivée des espagnols, des instruments à corde entrent en scène, spécialement qui inspirent les indigènes pour créer un instrument très original, « le charango ».
Sur sa face avant, sa table d’harmonie arbore dix cordes qui vont des mécaniques au chevalet. Elles sont généralement en nylon et se répartissent en cinq paires (notes doublées). Quatre de ces paires sont accordées à l’unisson. Les deux cordes de la troisième paire sont séparées par une octave. La corde la plus grave correspond à la première corde de la guitare espagnole et l’autre, plus fine, est accordée une octave plus haut.
Autrefois taillée dans une carapace de tatou, la caisse de l’instrument est aujourd’hui souvent en bois. On en joue dans les fêtes, pour faire danser et il accompagne les sérénades des amoureux. J’en profite pour vous signaler, à tous ceux qui auraient envie de ramener un petit souvenir du Pérou ou de la Bolivie, de ne jamais acheter un charango taillé dans une carapace de tatou. En effet, même si on le trouve en vente un peu partout, c’est interdit par la loi. Donc pour éviter d’avoir des problèmes à la douane aux aéroports, achetez un charango en bois !…
Ce petit « luth des Andes » au son clair et puissant, et au timbre si caractéristique par sa brillance acidulée ou aigre-douce qui n’exclut nullement la douceur veloutée, s’est ensuite répandu dans tous les pays andins (Pérou, Bolivie, Argentine, Chili, Équateur et Colombie).
Le charango est inspiré des diverses formes de guitares anciennes apportées par les colons espagnols au XVIᵉ siècle, mais avant tout, un instrument de musique des peuples autochtones des Andes.