Voyager c'est bien sûr prendre des photos, admirer de jolis paysages, faire des rencontres, mais c'est aussi comprendre et essayer d'aller à l'origine des choses parfois...


Si vous visitez la Bolivie, vous éprouverez peut être une sorte de « malaise » par moments. Ce malaise je l’ai surtout ressenti lors de mon tout premier voyage en Bolivie. J’ai donc voulu savoir et le livre d’Eduardo Galeano m’a apporté certaines réponses. Mais comme l’Histoire et les faits sont toujours différents, qu’ils soient rapportés par les vaincus ou par les vainqueurs, ce sera donc à vous de tirer vos propres conclusions…


Livre en français Les veines ouvertes de l'Amérique latine de Eduardo Galeano

« Les veines ouvertes de l’Amérique latine », écrit par Eduardo Galeano, intellectuel uruguayen, est considéré comme un grand classique sud-américain. Il raconte siècle après siècle, le pillage implacable des différents pays de l’Amérique latine par les grandes puissances étrangères, les États-Unis ainsi que l’Europe avec son lot de grandes puissances, Portugal, Espagne, Angleterre, Hollande… Même si évidemment le livre a un peu vieilli (il date de 1971), il reste une référence incontournable pour expliquer la genèse de la pauvreté et du sous-développement actuels que subissent de plein fouet les pays de l’Amérique latine.


Livre original Las venas abiertas de América latina de Eduardo Galeano

Eduardo Galeano, raconte la « chute » de grandes civilisations : les Aztèques au Mexique, les Mayas en Amérique Centrale, les Incas autour de l’actuelle Bolivie et du Pérou, les Mapuches en Patagonie, sont rapidement massacrés, mis au pas. Puis asservis, main d’œuvre idéale (à laquelle on ne tardera pas a adjoindre des esclaves importés d’Afrique) pour arracher aux riches filons d’Amérique latine les minerais qui feront la richesse de l’occident. Eduardo Galeano a vu de près les ravages de l’histoire sur son continent. Quand il écrit ce livre, en 1970, il vient de parcourir une Amérique latine exsangue, au mains des pires dictateurs de la planète, régimes dévoyés financés par la CIA et par de nombreuses multinationales occidentales.


Il a vu les mines de Potosí en Bolivie et celles de Guanajuato au Mexique, mouroirs infernaux qui symbolisent si bien l’impérialisme occidental en Amérique latine. Il a vu le Venezuela pourri par les entreprises pétrolières étrangères et le Paraguay dévasté par la guerre des autres, cimetière à ciel ouvert. 
Huit ans plus tard, en exil en Espagne (le livre ayant fait de lui un ennemi à abattre pour le régime autoritaire uruguayen), quand il réactualise son livre, le bilan s’est aggravé. Il y a eu l’assassinat du président chilien Salvador Allende le 11 septembre 1973, avec la bénédiction (et la participation) de l’administration américaine. Il y a eu en 1976 le retour au pouvoir de la sanglante dictature des généraux en Argentine, après l’intermède Eva Perón. Et dans son propre pays, l’Uruguay, un coup d’état sanglant ramenant les militaires au pouvoir.

Cette longue litanie de douleurs et de morts qui ne semble pas avoir de fin, Galeano la conte avec les tripes. Certains lui ont reproché une approche parfois peu académique, trop romancée, ainsi que des soubassements marxistes transparents (en clair, il se penche surtout sur l’histoire des plus pauvres et des exploités), mais la vérité des faits n’en reste pas moins indéniable.


Cet ouvrage essentiel sur l’exploitation de l’homme par l’homme est à l’échelle d’un continent. A lire absolument, ne serait-ce que pour mieux comprendre le paysage politique de l’Amérique latine, avec certes une vision Sud-Américaine…