Il y a quelques années, des géologues ont découvert d’importantes réserves de lithium en Bolivie sous le désert de sel d’Uyuni. Réserves qui, selon les estimations, représenteraient la moitié du stock mondial, soit 5,4 millions de tonnes. Avec l’intérêt croissant pour les énergies alternatives au pétrole, la Bolivie est depuis cette découverte, au centre de nombreuses convoitises. Le gouvernement bolivien a cependant décidé de temporiser devant l’appétit des groupes internationaux.
Depuis 2008, date à laquelle fut avérée la présence de lithium en grande quantité sous le salar d’Uyuni, les offres des industriels et les visites officielles se sont multipliées. Ces industriels ont en ligne de mire l’exploitation du lithium pour le transformer en carbonate de lithium, élément essentiel à la production de batteries plus résistantes qui permettront, entre autre, le développement de voitures électriques. Les enjeux sont donc énormes dans un contexte de prise de conscience environnementale et de raréfaction du pétrole.
A l’époque, certains experts s’accordaient à dire que l’Amérique du Sud, et plus particulièrement la Bolivie, pourrait devenir le « nouveau Moyen-Orient » du lithium. D’autres experts ont depuis modéré l’enthousiasme général en affirmant que les réserves de lithium ne pourraient pas couvrir la demande mondiale. Il n’en reste pas moins qu’un marché existe.
Depuis 2008, le gouvernement bolivien étudie avec attention les différentes offres, mais Evo Morales a toujours privilégié la solution d’une exploitation nationale. Les doutes portaient sur la capacité du pays le plus pauvre d’Amérique du Sud à organiser l’exploitation et la transformation du précieux métal. C’est pourquoi la Comibol (société minière bolivienne d’État) a investi en 2008 plus de 4 millions d’euros dans une usine pilote en bordure du salar d’Uyuni. Le premier échantillon de carbonate de lithium a été produit en novembre 2009.
La question est aujourd’hui de savoir si la Bolivie a les moyens de se lancer dans une production industrielle rentable. Le gouvernement semble vouloir persévérer dans la voie nationale. L’état bolivien a d’ailleurs prévu un investissement de 237 millions d’euros dans la construction d’une première usine à grande échelle. Il a d’ores et déjà annoncé que la production industrielle de « l’or blanc » atteindrait sa vitesse de croisière en 2013. La résistance d’Evo Morales face aux industriels étrangers s’explique par une volonté de contrôle des ressources naturelles du pays ; ceci dans le but d’établir une meilleure répartition des revenus, notamment en faveur des populations indigènes.
La question environnementale est également sensible puisque le salar d’Uyuni constitue une merveille de la nature que certains ont peur de voir disparaitre ou dégrader par l’exploitation du lithium. Sur ce sujet aussi, La Paz temporise et cherche les solutions les moins dévastatrices pour ce qui reste l’un des atouts touristiques les plus attractifs du pays.
Si la Bolivie réussi son pari de l’industrialisation du lithium et étant donné la demande actuelle et la croissance du prix du lithium, on peut espérer que cela favorise le décollage économique du pays ; mais le chemin sera long !