Au Pérou, dans un écrin montagneux d’une époque oubliée, sommeille une mer d’un bleu intense et d’une pureté sans pareille. Parsemées d’îles naturelles et saupoudrées d’îles flottantes, ses eaux azurées constituent le berceau de la civilisation andine. Entre mythes et traditions, embarquement immédiat pour une errance au gré des flots du légendaire lac Titicaca et d’une ile que j’adore : l’Île de Taquile au Pérou.
À 2h30 environ de Puno, longue de 7 km, c’est l’île de rêve : pas d’hôtels, pas de routes, pas d’électricité, pas d’internet, pas de voitures, même pas de vélos ni de chiens. Les habitants de île de Taquile ont conservé leurs traditions vieilles de centaines d’années, notamment pour le tissage et donc la qualité du tissu local. Sur Taquile, ce sont les hommes qui tricotent. La finesse et les motifs de leurs textiles reflètent une façon de vivre bercé de croyances andines.
Vous pourrez d’ailleurs vous en apercevoir lorsque vous aurez gravi les centaines de marches menant au village (533 marches exactement). Il est aussi possible de dormir chez l’habitant, je vous le recommande vivement.
La communauté de 1 200 indiens y est très accueillante et le tourisme n’a pas encore modifié d’un pouce le mode de vie de ces habitants d’un autre âge, habillés de vêtements traditionnels, ne parlant que le Quechua.
Les habitants ont un code vestimentaire (formes et couleurs) qui traduit leur état civil ou sentimental (marié, célibataire, fiancé, célibataire à la recherche d’une compagne) et plein de rituels sont liés à la couture. Ici ces Hommes vivent dans un monde transparent, enfantin, naïf, tout droit sorti d’un conte pour enfants…
Voici quelques exemples :
- Certains hommes portent un bonnet à pointe blanche, qui signifie qu’ils sont célibataires.
- Si le pompon du bonnet est incliné en arrière, cela signifie que la personne qui le porte ne recherche rien de spécial.
- Si le pompon est incliné à gauche ou à droite, cela veut dire que cette homme à une relation ou au contraire est ouvert à toute proposition…
- Pour les femmes, suivant si elles ont leur voile laissant apparaître leur figure ou non, cela indiquera aux hommes de l’île si elles sont libres ou non.
- Les hommes mariés, eux, ont un grand et beau bonnet rouge.
Il faut savoir que pour pouvoir se marier, le prétendant doit présenter à son éventuel futur beau père ce fameux bonnet rouge. Il est le résultat de minimum neuf mois de travail de couture effectué tous les jours. Si le bonnet est réussi, le beau père acceptera le mariage.
Sinon, le prétendant devra recoudre un nouveau bonnet. Avant de se marier, le couple doit vivre une année ensemble. La femme ne doit pas se couper les cheveux. Si l’entente est toujours bonne après cette année de ménage à deux, la femme devra se les couper et coudre avec ses cheveux et du tissu une grande ceinture avec des motifs.
La moitié de ces motifs représentera toutes les belles choses que le couple aura vécu durant leur première année (« essai »), et l’autre moitié tous les souhaits et désirs qu’a le couple pour le futur. Les anciens de l’ile, qui ont des postes importants, portent un autre type de bonnet. Les hommes ne se serrent pas la main pour se saluer, mais s’échange des feuilles de coca. Les gens y vivent en communauté et maintiennent entre eux une forte cohésion ; la répartition des cultures et des récoltes se fait en fonction des besoins de chacun. Sur l’île, pas de police. C’est un « Conseil », dont les membres changent régulièrement et de façon démocratique, qui gère les éventuels conflits. On fait aussi bien sûr appel aux anciens…
Il y a encore quelques endroits sur terre, où l’on vit avec transparence, respectueux de ses origines, de ses traditions, des autres, ainsi que de la nature. L’ile de Taquile en fait partie.