Petite présentation des lieux :
Darwin et Wolf sont situés à près de 30 heures de bateau de l’île principale des Galápagos, Santa Cruz. L’île Darwin est un volcan éteint vieux de 400 000 ans. L’Arche de Darwin est le site de plongée le plus populaire de l’île et ses eaux attirent les requins-baleines de juin à novembre. L’île Wolf est la pointe d’un volcan sous-marin éteint qui remonte à des millions d’années.
Il est interdit de mettre pied à terre, de toucher quoi que ce soit, il est juste autorisé d’ouvrir grands les yeux et d’observer. Et attention, car le spectacle est bien au rendez-vous ! Il s’agit très certainement de l’un des derniers sanctuaires animalier de la planète. Deux crêtes volcaniques, entourés de murs vertigineux, qui se trouvent au Nord de l’archipel des Galápagos.
Ces îles volcaniques, font partie d’un triangle imaginaire, avec comme pointes les îles de Darwin et Wolf en Équateur, l’île Coco au Costa Rica appelée également l’île aux requins, et l’île Malpelo en Colombie. Ces trois sites sont réputés dans le monde entier pour les bancs de requins-marteaux qu’il est assez courant d’observer. C’est l’unique endroit au monde où l’on peut observer des requins en aussi grand nombre. Ces « murs » de requins se forment aussi vite qu’ils peuvent disparaître. Il y aurait des champs magnétiques dans les roches sous-marines, qui font que ces requins se déplacent en les suivant.
Ce qui vous attend sous l’eau :
L’éloignement des îles Darwin et Wolf, la protection accrue, les courants (parfois violents) et l’absence de pollution profitent à la vie sous-marine dont l’abondance dépasse l’entendement. Je peux vous assurer que les sept à huit plongées que vous ferez sur chaque site restera dans vos mémoires à jamais. Les bancs de poissons sont de taille plus que respectable également. A ce jour, c’est le plus bel endroit où j’ai eu la chance de mouiller mes palmes.
Chaque plongée est féérique et l’excitation totale une fois que l’on sort de l’eau. Il faut dire qu’ici le spectacle est garantie, et en plus de très très près : bancs de requins-marteaux, le grand requin-marteau (lui est plutôt solitaire), requins des Galápagos, requins soyeux, requins gris, requins à pointe noire, raies aigles, raies léopards, raies mantas, dauphins, tortues, iguanes, manchots, énormes thons, et requins-baleines.
Ici, les requins-baleines adultes mesurent souvent plus de 15 mètres de long, la taille d’un bus ! Observer un tel animal est tout simplement exceptionnel. On peut également croiser le chemin des baleines à bosse, ainsi que des orques mais avec beaucoup de chance. Il n’est pas rare de croiser toute cette faune marine dès l’instant de l’immersion, jusqu’au palier de décompression de sécurité.
Je ne peux que vous encourager à y aller. Il faut un certain budget c’est vrai, mais c’est absolument incroyable et unique. Il faut quand-même une bonne expérience en tant que plongeurs, car les sites de plongées sont en pleine mer, c’est souvent le grand bleu en dessous et au large, il n’y a en général qu’une simple paroi pour se « repérer » qu’il est assez facile de perdre de vue, car l’on peut perdre vite ses repères sous l’eau, et l’on est vite attiré vers le large.
Mon retour d’expérience :
Les immersions se font toutes depuis un zodiac avec lequel vous serez « largués » au-dessus du site de plongée. Les conditions climatiques peuvent être un peu extrêmes hors de l’eau : il y a souvent du vent, donc des vagues et le ciel est souvent couvert. La mise à l’eau se fait toujours via une catapulte arrière, gilet dégonflé au maximum. L’eau est assez froide surtout en profondeur, il vous faudra des combinaisons de 7 mm. Une fois dans l’eau, pas de temps à perdre, il faut descendre rapidement à la verticale. Les courants étant assez forts, il ne faut pas tarder car sinon vous serez emporté au large, sur un autre point, loin du groupe, la plongée risquerait d’être annulée. Il est donc important de pouvoir descendre assez rapidement à 30 m de fond en pleine eau (ici pas de corde, pas de bout pour se guider).
L’ordinateur de bord est absolument indispensable pour surtout ne pas devoir entrer dans le champ de décompression. Seuls les paliers de sécurité sont obligatoires et autorisés. Une fois arrivé à bonne profondeur, il est important d’évoluer en binôme. Les conditions de plongée sont plutôt libres, c’est à dire que vous n’êtes pas du tout obligé de suivre le guide, ni l’ensemble du groupe d’ailleurs… Sur l’île Darwin, je vous conseille d’être proche du guide, surtout pour la ou les premières immersions. En effet, aussi paradoxale que cela puisse paraître, entrevoir de loin la forme du requin-baleine long de 15 mètres n’est pas évident. Je me rappelle très bien que notre guide (super pro) nous avait mis en « condition » pour nous mettre en garde sur le fait que nous allions vivre certainement l’un des moments forts de notre vie. Sous l’eau, l’appel sonore, si venait à apparaître « Mister big », serait une succession de coups sur la bouteille d’air, tel une alarme.
Cette alerte, le guide la donna au bout de 15 minutes. J’étais à côté de lui et il me montra avec son doigt droit devant lui, je ne vis rien, me dirigeais alors vers cette direction en palmant un peu plus rapidement, vers le grand bleu, vers l’infini, sans rien deviner de spécial. Et soudain je vis se dessiner une forme bleue foncée, une forme sombre, j’accélérais alors ma cadence de palmage, le cœur battant. Il était là devant moi, le grand requin-baleine ! Quelle beauté, quelle grâce, ce corps sombre tacheté de points blancs, je palmais de plus fort pour l’atteindre, tellement fort que je fis mon maximum pour couper sa trajectoire.
C’est alors que je vis le guide, qui lui, avait anticipé et choisi un meilleur angle d’approche que le mien, se servant du courant, flottant comme dans l’espace, arriva sans effort à couper la route de ce mastodonte (qui lui avance toujours à contre-courant) et le longea de la tête à la queue sans le toucher bien entendu.
J’avais choisi un angle un peu maladroit de trois quart, mais très motivé, j’arrivai tout de même à rejoindre cet énorme animal et le vis passer sous mes yeux, tel un tapis roulant tacheté.
J’aurais pu le caresser, mais les règles étaient claires : si un plongeur venait à toucher un de ces animaux, la plongée prendrait fin de suite. Je vis ensuite sa grande queue, qui se déambulait de gauche à droite très lentement, j’essayais de le suivre en vain, autant vous dire qu’à contre-courant ce fut impossible… Alors très vite il disparut tel un sous-marin suivant sa route vers l’infini des abysses.
Je me retourna, j’étais très loin du groupe de plongeurs, le guide me fit de loin un signe. Je palmais de nouveau en direction des plongeurs, j’avais consommé la moitié de mon air, mais cela aura valu le coup ! De retour sur le bateau, ce fut une excitation totale au moment de mettre des mots sur l’expérience vécue sous l’eau ! Les six autres plongées qui suivirent furent du même « calibre ». Nous avons observé au total 21 requins-baleines au cours de ces 7 plongées. Du jamais vu nous a-t-on dit à bord…
Pour l’île Wolf, les mises à l’eau sont du même type, mais les plongées différentes. On est vite comme happé vers le large pour s’approcher des requins-marteaux qui apparaissent et disparaissent aussi mystérieusement à chaque fois. Il faut savoir que dans les profondeurs, évaluer les distances est très difficile, on est donc vite amené à faire du « yo-yo » avec les profondeurs, on perd vite le reste du groupe, surtout si vous plongez avec des personnes qui préfèrent suivre le guide. Sur l’île Wolf, mon instinct d’aventurier était en pleine ébullition !
Ce que j’ai vu aux îles Darwin et Wolf ressemblait vraiment aux images de National Geographic : des requins à perte de vue au large et vers le fond, rasant les fonds sableux. C’est absolument incroyable de plonger dans ces conditions et de sentir que l’on se trouve sur les « terres » ou plutôt les eaux des requins-marteaux. Bien entendu, en plus de ces requins-marteaux, on en oublie presque les raies léopards, les thons, les barracudas, les requins des Galápagos et j’en passe… Les raies mantas et les dauphins font également partie du spectacle et l’interaction avec eux est assez facile.
En conclusion, Darwin et Wolf sont deux sites préservés et la vie marine dépasse l’imagination. Au moment où je suis en train d’écrire ces lignes, je me rappelle très bien de tout ce que j’ai eu la chance de voir à travers mon masque. Et si j’y retournais ?!…